Sommet Européen : premières difficultés diplomatiques pour Macron
Emmanuel Macron a des hautes ambitions pour l’Europe, qu’il veut repenser, dans une vision dynamique et conquérante, proposant de nombreuses réformes. Durant le dernier sommet européen du 19 et 20 octobre, il s’est heurté aux résistances et lourdeurs d’une administration difficile à bouger, malgré le soutien de la Commission Européenne.
Emmanuel Macron jouit d’une vraie légitimité en Europe : avoir été élu sur la base d’un programme résolument pro-européen, face à des adversaires au mieux eurosceptiques. Dès lors, ses discours ambitieux, réclamant vision d’ensemble de l’Union Européenne, avec des réformes sur dix ans, sont écoutés avec attention.
Pour autant, lors du sommet européen des 19 et 20 octobre, il est paru isolé : non que les dirigeants des pays les plus peuplés d’Europe se désolidarisent de lui, mais ils ont tous fort à faire au niveau national. Angela Merkel est à la recherche d’une coalition pour pouvoir former un gouvernement, Mariano Rajoy est empêtré dans la crise catalane, l’Italien Paolo Gentiloni est occupé par des élections qui approchent, et la Grande-Bretagne est en partance… Difficile de mettre sur pied une vision globale et commune de l’Europe dans ces conditions.
Certes Jean-Claude Junker, président de la Commission Européenne, défend lui aussi l’idée de réformes profondes de l’Union Européenne, pour repartir sur une nouvelle dynamique, avec un soutien accru des populations.
Pour une Union Européenne à deux vitesses ?
Mais Emmanuel Macron défend l’idée d’une Europe à deux vitesses, qui pourrait, sur certains dossiers, voir un groupe de pays adopter des réformes et d’autres conserver le statu quo – le but est d’éviter les minorités de blocage, comme l’Irlande qui freine sur la taxation des grands groupes du numérique (qui ont presque tous leur siège social européen en… Irlande, grâce à sa fiscalité avantageuse) ou la Pologne charbonnière, qui refuse une taxe carbone trop élevée.
Junker, lui, ne veut pas entendre parler de ces vitesses multiples, il défend une Europe qui reste unie sur tous les fronts, et de nombreux Etats moins peuplés résistent aussi à abandonner leur pouvoir. La diplomatie française a encore beaucoup de travail pour imposer ses vues et redonner un élan à l’Europe.