La Corée du Nord financée par le trafic d’ivoire en Afrique ?
Une ONG suisse vient d’accuser les diplomates nord-coréens présents en Afrique de participer activement au trafic de l’ivoire. Il pourrait s’agir d’une des sources occultes de financement du pays, notamment pour son programme nucléaire.
L’ivoire se négocie sur les marchés chinois et vietnamiens à un tarif supérieur à l’or, 30 000 euros le kilo : son trafic peut devenir une manne s’il est bien organisé. La Corée du Nord, fermée au monde extérieure, manque cruellement de ressources ; Pyongyang fait l’objet depuis des décennies de suspicions de financement à l’aide de divers trafics dans le monde entier (drogue, armes, médicaments, faux billets…).
Bracelets en ivoire et corne de rhinocéros dans la valise
L’accusation de Global Initiative Against Transnational Organized Crime, une ONG genevoise, est étayée par des faits objectifs : en 2016, un conseiller de l’ambassade nord-coréenne à Harare se fait arrêter en possession de bracelets en ivoire ; en 2015, un diplomate de Corée du Nord, rattaché à l’ambassade de Pretoria, est interpelé par la police mozambicaine avec 100 000 dollars et 4,5 kilos de corne de rhinocéros sur lui. Dans les deux cas, leur statut de diplomate leur a permis d’être rapidement libérés.
Depuis 1986, sur les 29 cas de diplomates étrangers impliqués dans du trafic d’ivoire, 18 étaient nord-coréens. Les liens des ambassades de Corée du Nord avec plusieurs réseaux de braconnage semblent établis.
L’ONG ne tranche pas, en revanche, la question de la destination des fonds obtenus : servent-ils à financer simplement les ambassades et le corps diplomatique nord-coréens, connus comme parmi les plus pauvres du monde, ou permettent-ils à la Corée du Nord d’alimenter cette fameuse « caisse noire » issue de trafic de par le monde ?