Côte d’Ivoire : qui pour succéder à Alassane Ouattara ?
La question est sur toutes les lèvres, bien que les élections ne doivent avoir lieu que dans trois ans. Signe que les Ivoiriens sont conscients de l’importance historique des années Ouattara et cherchent celui que saura le mieux poursuivre ses efforts.
Alassane Ouattara ne veut pas entendre parler d’un troisième mandat présidentiel. « J’ai 75 ans aujourd’hui et je travaille depuis mes 25 ans. Cinquante ans donc et 2020 s’annoncent bien comme une retraite et un repos mérités », déclarait-il récemment au Nonce apostolique.
Tous ses partisans ne sont cependant pas sur la même longueur d’ondes. Ainsi, le président de la Coalition des leaders du parti au pouvoir (CLPP-CI), Augustin Ouattara, a proposé au président de la République de soumettre sa candidature une nouvelle fois. « Depuis que le président Alassane Ouattara a rendu publique sa volonté de quitter le pouvoir en 2020, le pays n’a plus connu de tranquillité car chacun de nos cadres pense être le meilleur acteur pour l’alternance du pouvoir en 2020, ce qui nous a conduits à ce désordre que nous avons constaté depuis un mois avec les mutineries et la grève des fonctionnaires, raison pour laquelle nous demandons au président Ouattara de rester encore au pouvoir ».
Problème : la nouvelle Constitution ivoirienne, tout récemment adoptée par référendum à plus de 93 % des voix, limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Une nouvelle élection semble donc exclue pour M. Ouattara, à moins qu’il ne décide de jouer la carte de la « non rétroactivité de la loi ». Certaines personnalités du pays estiment en effet que la nouvelle loi fondamentale annule et remplace les dispositions précédentes et que l’actuel président pourrait s’appuyer sur ce principe pour briguer un troisième mandat (qui ne serait donc que son deuxième depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution).
Mais est-ce vraiment raisonnable ? Le journaliste ivoirien Amani Georges croit que si M. Ouattara décidait de se représenter, « il soumettrait sa candidature à un référendum pour éviter de passer aux yeux de l’opposition pour un dirigeant venu se maintenir au pouvoir ». Or, comme l’a montré le référendum constitutionnel du 30 octobre dernier, le chef de l’État a une importante capacité de mobiliser et rassembler les Ivoiriens et son bilan à la tête du pays risque de faire pencher la balance une nouvelle fois en sa faveur.
Depuis 2010, le pays est en effet devenu l’une des économies montantes du continent. En novembre 2016, la Banque mondiale soulignait le « succès économique remarquable » que connaît la Côte d’Ivoire depuis plusieurs années et se félicitait de l’« évolution positive » de la situation politique du pays. De son côté, le Groupe de la Banque africaine de développement met également en avant une croissance économique « restée robuste malgré un environnement international incertain ». Le groupe évoque en outre la réélection d’Alassane Ouattara en 2015, qui « constitue une étape importante dans le processus de consolidation de la paix et de la confiance économique » dans le pays.
On peut donc comprendre celles et ceux qui demandent à Alassane Ouattara de rester à la tête du pays, tellement son bilan est positif. Se laissera-t-il tenter ? Si oui, il peut d’ores et déjà compter sur un nombre de soutiens important. Mais s’il décide de passer le flambeau, la liste des successeurs possibles n’en est pas moins étoffée. Amadou Gon Coulibaly et Daniel Kablan Duncan auraient la préférence du président sortant, croit savoir l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le magazine invite Guillaume Soro, Hamed Bakayoko et autres « dauphins putatifs » à patienter sagement jusqu’en 2025.
Philippe Koubbi