Publié le : mercredi 25 janvier 2017

Tensions sociales en Côte d’Ivoire : que faut-il retenir ?

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Après un mouvement de revendications qui a gagné plusieurs corps de la fonction publique, le calme revient peu à peu en Côte d’Ivoire. Loin de la «crise» décrite par certains médias français, l’épisode contestataire ne vient pas compromettre la stabilité du pays.

Mutineries et tensions sociales en série en Côte d’Ivoire

Depuis le 5 janvier, une vague de protestations a touché plusieurs villes de Côte d’Ivoire, allant jusqu’à causer plusieurs affrontements sérieux dans la ville de Yamoussoukro. À l’origine de ces tensions, la grogne de 8 500 soldats des ex-Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), qui réclamaient le paiement de primes non versées suite à leur participation aux opérations de sécurisation du pays entre 2007 et 2011, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie. Ces soldats avaient en effet apporté leur soutien à Alassane Ouattara afin de destituer l’ancien président Laurent Gbagbo, et ainsi permis à la Côte d’Ivoire de sortir de la crise qui déchirait la nation depuis près de 10 ans.

Après avoir écouté les requêtes des ex-membres du FAFN et décidé de les satisfaire, le gouvernement ivoirien a essuyé une nouvelle vague de protestations en provenance d’autres « corps habillés ». Se sentant lésés, car jugeant injuste de ne pas être également indemnisés par l’État, ces derniers ont manifesté leur mécontentement dans la zone portuaire d’Abidjan, à Yamoussoukro et à Bouaké, les 17 et 18 janvier. Ainsi, plusieurs groupes de militaires, gendarmes, policiers, douaniers et personnels pénitentiaires ont à leur tour réclamé le versement de primes pour avoir participé aux opérations de sécurisation pendant la guerre civile.

Pour régler la situation, le gouvernement a de nouveau choisi d’écouter : « Les problèmes sont réels, il y a eu des incompréhensions, mais le dialogue est entamé», a déclaré le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité via un communiqué de presse publié le 18 janvier.

Le mois de janvier est le mois des revendications en Côte d’Ivoire. En effet, en parallèle des militaires, gendarmes et autres policiers, les personnels enseignants, hospitaliers et administratifs ont eux aussi chercher à faire entendre leur voix. Ces derniers se sont alors mis en grèves,  le 9 janvier, afin de demander, entre autres, « des revalorisations salariales et le paiement de primes et d’arriérés de salaires ». Conforté dans le choix que le dialogue est la meilleure des solutions pour résoudre ce type de situation, le gouvernement a mis en place une série de rencontres avec les grévistes. Ce choix s’est avéré payant puisqu’un premier accord a rapidement vu le jour avec les syndicats grévistes, et de nouvelles discussions sont prévues afin d’éviter d’autres mouvements de grèves. Ainsi, les fonctionnaires, à la demande du gouvernement, ont repris le travail le lundi 23 janvier.

Un épisode de grogne sociale qui n’efface pas six années de paix

Face à cette succession de revendications sociales, certains médias se sont empressés d’avancer l’hypothèse d’un retour de « crise » voir d’un renversement du pouvoir en place. L’étendue des protestations est pourtant restée limitée à plusieurs actions très localisées, qui se sont rapidement résorbées suite au dialogue ouvert par les autorités.

Depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, en mai 2011, soit six mois après sa victoire électorale contre Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire a retrouvé une stabilité certaine. Fort de cette paix nouvelle, le pays et ses 24 millions d’habitants ont embrassé une croissance sans précédent, évaluée à 8,5 % en moyenne par an depuis 2012 selon la Banque Mondiale, qui ajoute que la tendance devrait même se poursuivre en 2017.

Par ailleurs, grâce à l’explosion de son commerce extérieur, le salaire minimum a quasiment doublé en Côte d’Ivoire. Celui-ci est passé de 36 000 francs CFA en 2012 à 60 000 aujourd’hui, offrant ainsi au pays la 7e place au classement des pays d’Afrique francophone en terme de salaire minimum.

Et preuve d’une harmonie politique et sociale retrouvée, en octobre 2015, la réélection d’Alassane Ouattara à la tête du pays s’est déroulée sans heurts ni tensions. Les élections législatives de décembre 2016 ont quant à elles été jugées « pacifiques » et « inclusives » par l’ONU, et ce moins de deux mois après un referendum sur la réforme de la Constitution adoptée à plus de 93 % par la population. Le nouveau texte prévoyait notamment la création d’un Sénat et d’un poste de vice-président, ainsi que la suppression du concept d’« ivoirité », à l’origine du conflit qui a déchiré le pays suite à l’élection présidentielle de 2010.

« L’aboutissement couronné de succès de ces processus électoraux confirme que la Côte d’Ivoire s’achemine fermement vers une paix et une stabilité durables », s’est félicité le porte-parole de l’ONU fin décembre. Les heurts de ces derniers jours ne viennent pas remettre en question la stabilité du pays. Plus que les revendications sociales, qui vont de pair avec le développement économique d’un pays, c’est la manière dont celles-ci sont écoutées et prises en compte par les autorités publiques qui est important.

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