La Chine se verrait bien en première puissance nucléaire mondiale
L’ONG China Energy Fund Committee, organisme indépendant basé à Hong-Kong, a réaffirmé dans une étude prospective parue le vendredi 15 juillet dernier, la nécessité pour la République populaire de Chine de poursuivre ses efforts entrepris dans le développement de l’atome.
La Chine s’est engagée sur la voie du nucléaire il y a plusieurs années déjà et ne semble pas vouloir faire marche arrière. Bien au contraire. Les projets de centrales se multiplient sur le marché intérieur comme à l’international et sa technologie gagne en maturité. D’après l’ONG China Energy Committee (CEFC), elle serait aujourd’hui à la pointe et doit participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en garantissant dans les prochaines décennies l’approvisionnement des besoins énergétiques nationaux.
Ambitions chinoises
Les deux industriels du secteur, la China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear (CGN), ont développé conjointement un nouveau modèle de réacteur 3ème génération, baptisé Hualong-1, et entendent bien l’exporter au-delà des frontières chinoises. Cette technologie, caractérisée par une longévité, une efficacité et une sécurité accrues – à l’instar de l’EPR français d’EDF et du réacteur AP1000 de l’Américain Westinghouse –, est promis à un vaste développement, tant sur le territoire national, au regard des opportunités qu’offre le premier marché mondial du nucléaire civil, que sur les marchés étrangers.
Comme l’explique au « Monde » Pan Jianming, le secrétaire du conseil d’administration de CNNC, « la mise en chantier de Hualong-1 constitue une étape indispensable pour démontrer les capacités de l’industrie nucléaire chinoise et doper les exportations de technologies autochtones ».
Et les enjeux sont ici déterminants. Sur terre – et peut-être bientôt sur mer via un nouveau projet de centrales nucléaires maritimes en cours chez CNNC –, la Chine soutient largement l’expansion de la filière nucléaire dans le monde, avec près de 24 réacteurs en construction sur 67 projets en cours, et devrait atteindre une capacité totale pour 2020 estimée à 88 GW, contre 25 GW actuellement. Comptant aujourd’hui 31 réacteurs en activité, elle pourrait à terme dépasser la France et les Etats-Unis avec 110 réacteurs potentiels à l’horizon 2030, et devenir ainsi la première puissance nucléaire mondiale.
« Le nucléaire est bien plus économique et stable »
Le 13ème Plan Quinquennal pour l’industrie de l’énergie, entamé en début d’année, est chargé pour cela de « promouvoir le développement de l’énergie nucléaire de façon sûre et efficace » et prévoit de porter de 25,5 millions de kilowatts (kW) à 58 millions de kW la puissance nucléaire installée d’ici à 2020. Il nécessitera un investissement de plus de 500 milliards de yuans (environ 71 milliards d’euros) pour la mise en place de plusieurs centrales en utilisant les technologies nucléaires chinoises, et l’approbation de six à huit réacteurs nucléaires chaque année à partir de 2016. Ce plan s’inscrit dans la continuité de la stratégie adoptée jusqu’à présent par le gouvernement chinois qui a, pour la seule année 2015, mis en service 8,2 GW d’installations et autorisé 8,8 GW de nouveaux projets.
En parallèle, les projets toujours en cours d’examen portent sur 32 GW, soit sensiblement plus que la capacité existante aujourd’hui. Ils promettent une accélération du rythme avec l’objectif de porter à 20 % la proportion de la consommation en énergie non-fossile dans la consommation énergétique totale d’ici à 2030. Ce programme de développement accéléré de l’énergie nucléaire renvoie en effet à la volonté nouvelle du gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans un pays en proie à de graves problèmes de pollution atmosphérique. Mais également à la nécessité de garantir la sécurité énergétique du pays et de soutenir son développement économique, tout en tirant profit du fort potentiel des technologies nucléaires nationales à l’exportation.
Comme le justifie Xiaoyong Huang, l’un des auteurs du rapport de la CEFC et président de l’École supérieure de l’Académie chinoise des sciences sociales (ACSS), « même s’il existe une différence de points de vue et de voix sur les constructions nucléaires, nous pensons malgré tout qu’il est essentiel pour la Chine de faire le choix du nucléaire. Pour l’instant, la Chine importe de grandes quantités de pétrole et de gaz naturel mais, comparée à d’autres énergies propres comme l’éolien et le solaire, l’énergie nucléaire est bien plus économique et stable ».