Le leader turc Recep Tayyip Erdogan a assuré ce dimanche qu’il était en désaccord avec la décision de la Cour constitutionnelle qui vient de libérer deux journalistes.

Can Dündar, rédacteur en chef de Cumhuriyet, et Erdem Gül, chef du cabinet du journal à Ankara, avaient été écroués en novembre dernier avant d’être libérés ce vendredi, après que la Cour constitutionnelle ait jugé leur détention illégale.

Le Chef d’Etat turc a déclaré devant des journalistes qu’il ne respectait pas cette décision, sans plus de mots. « Je ne suis pas obligé de l’accepter », a indiqué Recep Tayyip Erdogan.

Selon lui, il s’agit d’une « affaire d’espionnage » et non un dossier concernant la liberté de la presse.

Ces deux journalistes avaient relayé en mai 2015 une vidéo et des photos montrant des agents des services de renseignements turcs convoyant des armes en Syrie en 2014. Ils avaient aussitôt été arrêtés après la diffusion de ces images, accusés de soutien à une organisation terroriste, et de publications de renseignements menaçant la sécurité nationale.

S’ils ont retrouvé la liberté, les deux journalistes devront à nouveau comparaître devant la justice le 25 mars prochain, restant sous le coup de poursuites.

Ils risquent la peine capitale et se sont vu interdire de quitter la Turquie.

De l’avis des experts juridiques, la cour d’assises qui les jugera devra forcement prendre en considération l’avis de la Cours constitutionnelle, et l’acte d’accusation pourrait être amendé.

L’incarcération de ces deux journalistes de l’opposition, qui a duré 92 jours, a suscité de vives polémiques en Turquie et hors des frontières : une campagne internationale en faveur de leur libération a notamment été mise en place.