En 2016, l’armée française aura les nerfs à vif
Les soldats français seront partout. Que cela soit dans les rues de Bamako ou de Paris, les troupes françaises ont connu une année 2015 particulièrement intense.
La France « est en guerre » martèle François Hollande. Mais l’armée tricolore vit-elle au-dessus de ses moyens ? Dans les rangs, la question se pose. L’armée française va-t-elle connaître la même situation que la voisine britannique ? Qui, après plus dix ans d’engagement intensif en Irak, puis en Afghanistan, est bien plus haletante qu’un modèle de puissance.
Actuellement, près de 8 000 soldats sont déployés dans diverses opérations extérieures, surtout au Sahel, en Centrafrique, en Irak et en Syrie. Environ 11 000 soldats des « forces prépositionnées », de la Guyane à la Polynésie française sont également à décompter puis, sur le territoire, pas moins de 10 000 soldats patrouillent dans le cadre du plan Vigipirate devenu l’Opération Sentinelle.
Pour connaître la vraie valeur de ces chiffres, il faut les mettre en relation avec ceux du « contrat opérationnel » prévu en 2013 par l’exécutif, inscrits noir sur blanc, et donc largement dépassés. Les trois armées produisent ainsi plus d’activités que les ressources mises à disposition – hommes et armement inclus – ne l’autorisent en théorie. Le chef d’état-major Pierre de Villers explique que l’armée « consomme plus vite » que ce qu’elle capable « de régénérer », en précisant qu’il a été amené ces derniers temps « à reporter des opérations » pour capturer des terroristes à cause d’un « manque de moyens », autrement dit, l’armée est en surchauffe, elle est passée en mode peau de chagrin, système D et bricolage des colonnes de comptes.
Car depuis 2008, la taille des armées n’a cessé d’être revue à la baisse par l’exécutif, et la courbe n’est pas remontée depuis, tandis que de l’autre côté les missions se sont accumulées, et à rythme accru depuis les attentats de Paris.
Afin de rester opérationnelle sur la mission Sentinelle par exemple, l’armée a dû réduire à 60 jours la durée de ses entraînements, alors que les normes fixées par l’OTAN sont de 105 jours. L’armée de l’air n’arrive pas à fournir suffisamment d’heures de formations à ses aspirants pilotes (240 sur 290 disposent du niveau requis), et la marine exige 200 jours de contrainte à l’année.
François Hollande a promis de maintenir les effectifs, qui devaient encore être rétrécis de 18 700 d’ici 2019, en garantissant également un budget de 32 milliards d’euros. Mais la problématique du temps persiste, les délais de livraison des équipements promis, ainsi que ceux du recrutement et de la formation n’étant pas compressibles, l’armée sera encore branchée sur 10 000 volts en 2016.