Sanctions contre la Russie : Donald Tusk souffle le froid
Alors que les dernières semaines avaient apporté une lueur d’espoir pour conclure une paix durable en Ukraine, le président du Conseil européen Donald Tusk a souligné les violations de l’accord de Minsk qui menacent selon lui la levée des sanctions contre la Russie. Ukrainiens et forces prorusses se renvoient la faute et font pencher la balance vers un renouvellement des sanctions qui ne cessent d’envenimer les relations entre Moscou et l’Union européenne.
Construire la paix est toujours plus difficile que déclarer la guerre. Cela se vérifie dans le conflit qui secoue l’Est de l’Ukraine depuis plus d’un an. Forces loyalistes et prorusses se battent pour décider de l’avenir de la région. Une indépendance dans le giron russe ou la poursuite du chemin commun avec Kiev et l’Ouest de l’Ukraine. Depuis l’été 2015, des signes encourageants étaient perceptibles des deux côtés du front avec le retrait de certaines armes et la fin des affrontements armés. Sauf que ces derniers jours, ce tableau positif est en train de s’assombrir avec des accusations multiples de non respect des accords de Minsk conclu en février dernier
Donald Tusk, président du Conseil européen a allumé la première mèche en déclarant que les combattants prorusses ne respectaient pas intégralement les engagements pris. « Il est clair que les accords de Minsk ne sont pas encore totalement appliqués. Cela devra se refléter dans le prochain réexamen des sanctions de l’UE ». La principale conséquence, outre le fait que le conflit perdure, est le probable renouvellement des sanctions à l’encontre de la Russie et de certaines personnalités prorusses. Prévues jusqu’au 31 janvier 2016, elles pourraient être renouvelées si les Européens considèrent que le contrat n’est pas respecté. Et comme a tenu à le souligner Donald Tusk, l’aide de la Russie dans la lutte contre l’Etat islamique n’aura aucune influence sur le dossier ukrainien. De leur côté, les forces prorusses affirment que c’est l’armée ukrainienne qui se rend responsable des violations « quotidiennes » de l’accord de paix.
Alors que des interrogations croissantes se font jour quant à l’avenir des sanctions, plusieurs personnalités ont récemment été enlevées des listes européennes après avoir été blanchies par le tribunal de l’Union européenne. L’ancien conseiller présidentiel Andrey Portnov été dans le collimateur de la justice ukrainienne, mais les éléments soumis à la sagacité des juges européens ont étaient trop peu convaincants pour qu’ils ne passent un examen détaillé. Le proche de l’ex président Viktor Ianoukovitch n’est donc plus sur les listes noires de l’UE et le dénouement de cette affaire laisse espérer à d’autres noms ukrainiens une sortie des listes dans les prochains mois. Un ancien ministre de Ianoukovitch, Oleksandr Klymenko, ne cesse d’interpeller la machinerie européenne en ce sens et estime, tout comme Andrey Portnov, que les sanctions prises à son égard ne sont qu’un moyen trouvé par ses adversaires pour l’écarter du jeu politique. Une position qui s’est révélée exacte à plusieurs reprises dans un pays qui s’est lancé dans une chasse aux sorcières après la fuite du président Ianoukovitch.
Si une prolongation des sanctions ne constituerait pas un signe positif, l’examen au cas par cas des personnalités et entreprises sanctionnées pourrait déboucher sur une levée des mesures et une mise à mal des fondements juridiques qui sont à l’origine de la politique européenne à l’égard des protagonistes prorusses. Rien n’est écrit et l’histoire des sanctions pourraient se poursuivre de longues années comme elle pourrait s’éteindre dans quelques mois.