Engagements pour le climat : les entreprises plus volontaristes que les Etats
A désormais moins de 100 jours de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP 21), qui aura lieu à Paris en décembre prochain, le compte à rebours en vue d’obtenir un accord ambitieux et contraignant est lancé. Si un tel succès est encore incertain, cette édition a déjà une longueur d’avance sur celle, manquée, de 2009 à Copenhague : l’adhésion du secteur économique et industriel. Un moteur de choix à même de faire pencher la balance en faveur d’une réduction massive des émissions mondiales de gaz à effet de serre et qui pourrait faire la différence alors que de nombreux Etats rechignent encore à prendre leurs responsabilités.
Les entreprises au secours des politiques
Alors que l’échéance de la COP 21, dont le lancement est prévu pour le 30 novembre prochain au Bourget, se rapproche, une tendance encourageante se confirme : l’engagement des entreprises en faveur d’un accord d’envergure. Très longtemps réticentes à modifier leur fonctionnement et à ajuster leurs activités vers des pratiques durables, ces dernières semblent avoir désormais admis qu’une catastrophe climatique serait également une catastrophe économique.
A Copenhague, en 2009, leur faible adhésion à ce combat mondial avait fortement contribué à l’échec des négociations. Six ans plus tard, la donne a donc changé. En atteste les treize géants américains qui ont signé, le 27 juillet dernier, un plan d’économie pour un engagement climatique. Parmi ces majors, des firmes comme Apple, Coca Cola, General Motors, Microsoft ou encore Berkshire Hathaway Energy, filiale de l’empire dirigé par Warren Buffet qui, pour ne citer que cet exemple, prévoit d’investir quelque 15 milliards de dollars dans les énergies renouvelables et les infrastructures permettant leur transport.
Un signal naturellement très positif à quelques mois de la conférence pour Barack Obama, dont les marges de manœuvre politiques en matière environnementale sont limitées. De fait, le président américain doit composer avec un Congrès contrôlé par le Parti républicain, tout sauf acquis aux thèses écologistes et dont nombre d’élus demeurent largement climato-sceptiques. Et au-delà des Etats-Unis, l’adhésion du monde de l’entreprise pourrait également inciter d’autres gouvernements à revoir leur copie et présenter des objectifs de réduction d’émissions plus ambitieux. Des pays pourtant déjà développés comme l’Australie ou le Canada apparaissent en effet rétifs à cette idée, arguant du coût économique que cette politique représente.
Le gaz au cœur de la transition énergétique
D’autant que même l’industrie énergétique prend des engagements formels pour réduire son impact environnemental. C’est ce qu’a par exemple annoncé la famille Rockefeller, qui a fait fortune dans les énergies fossiles avec la compagnie Standard Oil, autrefois connue sous le nom d’Esso puis d’Exxon Mobil. Elle n’investira désormais plus dans le pétrole. De la même manière, le Congrès mondial du gaz, qui s’est tenu à Paris en juin dernier, a été l’occasion pour les entreprises françaises du secteur de rendre public une « contribution listant neuf actions menées par l’industrie gazière contre le changement du climat et pour le développement durable« , a ainsi rapporté le média spécialisé WK.
En pleine mutation, les entreprises gazières, qui peuvent légitimement susciter le scepticisme compte tenu de leur cœur de métier, entendent « faire la démonstration que le gaz est une partie de la solution pour relever le défi énergie-climat« . Comme l’indique le rapport de l’Association française du gaz, l’une des « actions » prioritaires de l’industrie est de développer cette énergie comme carburant alternatif moins polluant. De fait, en fonction des carburants auxquels le gaz se substitue, une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre, de 60 % des émissions d’oxydes d’azote et de presque la totalité des émissions de dioxydes de soufre est possible.
Tout l’enjeu, au cours des prochaines années, sera de réduire la consommation mondiale de pétrole et de stopper presque totalement le recours au charbon, si l’on veut contenir l’augmentation de la température sous le seuil fatidique des 2°C. La transition énergétique aura à cet égard un rôle crucial à jouer et outre le gaz – dont l’origine devrait être renouvelable à au moins 56 % à l’horizon 2050 selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et qui pourrait concerner 42 % des transports à la même échéance selon ERDF – le développement du nucléaire et des énergies renouvelables seront également nécessaires à très court terme.