Publié le : vendredi 10 juillet 2015

Conflit dans le Donbass, la situation s’aggrave

CGD018Le conflit du Donbass qui oppose les rebelles séparatistes pro-russes au pouvoir ukrainien connaît depuis plus d’un an une escalade dans l’intensification des heurts. Les populations locales sont de plus en plus touchées. Comment le conflit a-t-il débuté ? Quelle est la situation actuelle? Quelle issue espérer ?

Les origines du conflit

Le Donbass est une région se situant au sud-est de l’Ukraine, zone géographique dont 60 % à 90 % de la population est russophone. Bassin houiller d’envergure, le Donbass est pour ses trois-quarts en Ukraine et le dernier quart en Russie. D’un point de vue historique, géographique et culturel, le Donbass est donc fortement emprunt de l’influence russe.  

Lorsque l’ancien président Viktor Ianoukovytch – très proche de Moscou – suspend l’accord d’association entre l’Union Européenne et l’Ukraine, un vaste et intense mouvement de contestation populaire enflamme les rues de Kiev (l’Euromaïdan), entraînant la destitution puis la fuite hors du pays de Ianoukovitch en Février 2014. Le nouveau pouvoir en place à Kiev décide alors de ne plus reconnaître le russe comme langue officielle dans le sud et l’est du pays, soit en Crimée et au Donbass. Quelques mois à peine plus tard, en avril 2014, des forces séparatistes se rebellent au Donbass.

S’en suivront les auto-proclamations des Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk (parties du Donbass), deux bastions détenus par des miliciens de la région. Mais le pouvoir central de Kiev ne reconnaît pas ces deux régions comme étant autonomes et lance une offensive armée pour reprendre par la force ce territoire. Les écoles, hôpitaux et autres infrastructures sont détruites et les populations locales particulièrement affectées par les luttes entre l’armée ukrainienne et les rebelles séparatistes pro-russes, soutenus par Moscou.

La population locale, première victime

Quoique non reconnues par Kiev, les Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk organisent des élections locales en mai 2014 visant à proclamer leur indépendance. Marquées par nombre d’irrégularités et de fraudes, ces élections ne sont reconnues ni par Kiev ni par la Communauté Internationale. Toutefois, l’autodétermination remporte l’adhésion d’une grande partie de la population locale du Donbass.

A partir de l’été 2014, les séparatistes pro-russes progressent dans la région et Kiev accuse Moscou d’entrer sur son territoire en soutenant la rébellion. Fin 2014, afin de tenter de mater la rébellion, le pouvoir central ukrainien décide de couper les vivres dans la région : plus de services publics, plus de retraites versées, fermeture des banques, plus d’aides sociales. Des sanctions qui touchent essentiellement les civils déjà pris entre les tirs croisés de l’armée officielle et des séparatistes.

Depuis, malgré les tentatives de cessez-le-feu compris dans les accords de Minsk 1 et 2 signés conjointement par Hollande et Merkel pour l’UE, Poutine pour la Russie et Porochenko pour l’Ukraine en Février 2015 en présence des représentants des séparatistes du Donbass, la situation s’est aggravée. Une escalade dans les tentatives de répression des rebelles du Donbass est en place depuis quelques mois avec notamment des bombardements intensifs d’hôpitaux, d’écoles et d’autres infrastructures qui privent les populations locales de toute zone de protection.

Les conséquences de ces événements font état de plus de 6 000 morts et de 15 000 personnes sérieusement blessées. Les victimes du conflit étant essentiellement des civils : des jeunes, des enfants, des familles entières sont ainsi très durement touchés selon le dernier rapport de l’ONU. Un conflit qui a également entraîné le déplacement de près de 2 millions de personnes, 1,2 million dans d’autres régions de l’Ukraine, 630 000 en Russie et 80 000 en Biélorussie. En parallèle, l’ONG Restoring Donbass lutte activement pour apporter un soutien humanitaire aux populations civiles en travaillant de concert avec l’UE et l’ONU pour apporter une aide alimentaire et sanitaire. Une enveloppe de 15 millions d’euros a ainsi été débloquée pour venir en aide aux victimes trop nombreuses d’un conflit séparatiste qui semble pour l’instant s’enliser.

Même si l’avenir est des plus incertains, plusieurs scénarios sont envisagés : l’application des accords de Minsk, soit un véritable cessez-le-feu, un gel du conflit, ou encore le rejet du Donbass qui pourrait alors bénéficier d’un statut oscillant entre zone indépendante et nouveau territoire russe.

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