Publié le : lundi 9 février 2015

La Russie avoue à demi-mot son mal-être économique

russiaDepuis plusieurs mois, comme conséquence directe du conflit en Ukraine où elle est accusée de prendre une part importante, la Russie ploie sous le coup de sanctions économiques internationales. Alors qu’est venue s’ajouter la baisse historique et sciemment orchestrée par les pays arabes du cours du pétrole, Moscou vient de voir sa note dégradée de BBB- à BB+ par l’agence Standard&Poor’s.

Dans le jargon mondial de la finance, on appelle cela un « junk bond » – littéralement « obligation pourrie » – ou, plus philosophiquement, une obligation spéculative. C’est sous ce terme peu reluisant que vient d’être classée l’économie russe par l’agence de notation Standard&Poor’s (S&P), assortie d’un pronostic négatif. Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cette décision est « tendancieuse » et en « inadéquation avec la réalité de la situation économique de la Russie ». En d’autres termes, la situation n’a rien d’inquiétant. Est-ce réellement le cas ?

Les contrecoups de la géopolitique russe

Depuis que le rôle de Moscou dans le conflit ukrainien, et plus précisément son appui aux forces séparatistes prorusses du Donbass, ne souffre plus d’aucune contestation possible, la communauté internationale est montée au créneau pour dénoncer l’entreprise du Kremlin. Et assortir ses menaces desanctions économiques : un allongement de la liste noire des personnalités et entreprises de la Fédération est régulièrement discutée ; une restriction des achats d’obligations russes est déjà effective. Il en résulte que le climat économique n’est pas optimum et la fuite des capitaux est estimée à 152 milliards de dollars l’an pour l’an passé.

C’est surtout, semble-t-il, la décision prise par les pays du Golfe, membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), de laisser chuter le cours du pétrole qui a précipité l’économie russe en classe spéculative. Tandis que le baril s’échange aujourd’hui contre moins de 50 dollars – contre environ 100 dollars il y a quelques mois –, les pertes financières sont évaluées à plus de 100 milliards de dollars par an. L’or noir n’est pas le seul dont le cours ait chuté : le rouble sort considérablement affaibli de la conjoncture actuelle ; l’inflation devrait dépasser une hausse de 10 % en conséquence.

« Une vision excessivement pessimiste » mais justifiée

L’économie russe devrait donc connaître une récession cette année, alors que son PIB augmentait – faiblement – les années précédentes. Plus que de simples données économiques et financières, S&P entend surtout cibler la mauvaise qualité des institutions et de la gouvernance en Russie. Les problèmes structurels sont tels que, d’après l’agence de notation, le gouvernement se verra dans l’incapacité de lutter contre la corruption et le mauvais climat entrepreneurial, les deux principaux maux dont souffrent l’Etat fédéral aujourd’hui.

Pourtant, chacun à Moscou fait front contre la notation de S&P et ses pronostics négatifs. Le ministre des finances, Anton Silouanov, estime qu’il s’agit d’une « vision excessivement pessimiste », là où le tsar du Kremlin estime que « cela va très bientôt s’arrêter ». Une sérénité de façade, cependant, contredite par les récentes mesures prises en urgence par le gouvernement. Moscou a récemment présenté un plan de soutien à l’économie, prévoyant des injections dans le système bancaire et des aides destinées à certains secteurs. La Banque centrale a également agi en ce sens, afin de limiter la récession, en abaissant son taux directeur de 17 à 15 %. La note de S&P toujours en « inadéquation avec la réalité de la situation économique de la Russie » ?

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