Publié le : mardi 27 janvier 2015

Au Yémen, des rebelles défient le gouvernement

Aux abords du palais présidentiel de Sanaa, la capitale du Yémen, de violents affrontements ont éclaté lundi 19 janvier au matin. Ce sont les rebelles houthistes, du nom de leur chef Abel Malik Al-Houthi, qui défient le pouvoir yéménite.

yemen

Le palais présidentiel est entouré

Dans l’après-midi du 19 janvier, les combattants houthistes ont affirmé avoir pris le contrôle d’une colline stratégique surplombant la résidence du chef de l’Etat, Abed Rabbo Mansour Hadi. Les rebelles ont même fini par ouvrir le feu sur un convoi automobile dans lequel se trouvait le premier ministre, Khaled Bahah.

Les miliciens houthistes du groupe Ansar Allah, se battent au nom de la lutte contre la corruption et contre une certaine conception de la moralisation de la vie politique. En à peine quelques mois, ils ont réussi à s’imposer comme les nouveaux maîtres du Yémen. Ansar Allah contrôle aussi la télévision nationale et l’agence officielle Saba. Les miliciens chiites refusent d’ailleurs de publier ou de mettre en ligne une quelconque déclaration du gouvernement.

Durant toute la journée, Abed Rabbo Mansour Hadi a multiplié les consultations avec un représentant d’Ansar Allah avec qui il tentait de négocier un cessez-le-feu. Dans la soirée du 19 janvier, le porte-parole du gouvernement yéménite a convoqué une « réunion durgence » de toutes les forces politiques du pays, dès le lendemain matin. Le gouvernement espère ainsi établir « une feuille de route pour mettre fin aux violences ».

Une rébellion ancienne

Même si, en Europe, on ne parle que maintenant de la rébellion houthiste, elle n’est pas nouvelle. En effet, elle s’est déjà illustrée contre le régime de l’ancien président déchu, Ali Saleh. A l’époque, les miliciens avaient pris les armes pour dénoncer la marginalisation politique et religieuse par le pouvoir central.

Le regain de violences du 19 janvier 2015 intervient pour sa part à peine deux jours après l’enlèvement, par les houthistes, d’Ahmed Awad ben Moubarak, le chef de cabinet du président et l’un des architectes du projet de nouvelle Constitution. « La décision denlever Moubarak représente une sérieuse escalade qui semble aujourdhui hors de contrôle. A ce point, tout semble possible » estime une experte britannique de l’International Crisis Group. Pour afficher son soutien au chef de cabinet du président, la province sudiste de Chabwa dont Moubarak est originaire a arrêté sa production de pétrole au 19 janvier.

Les chiites d’Ansar Allah s’opposent au projet de Constitution qui prévoit un Yémen fédéral qui serait alors divisé en six régions. Ce découpage priverait les miliciens d’un accès à la mer ce qui est un de leur principaux désirs depuis qu’ils ont quitté leur fief montagneux de Saada dans le nord du pays.

Ce que craint la communauté internationale et notamment les Etats-Unis c’est une chute du gouvernement yéménite allié notamment à l’administration Obama dans la lutte contre Al-Qaïda. Cela pourrait causer un effondrement total de l’Etat, à l’instar de ce qui s’est passé en Somalie.

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