Au Mozambique, une bière artisanale fait des dizaines de victimes
C’est une grande catastrophe sanitaire qui se déroule depuis le 10 janvier au Mozambique. À Chitima, une ville du nord-ouest du pays, soixante-neuf personnes sont mortes d’intoxication alimentaire après avoir bu une bière traditionnelle appelée la « Phombe ».
Une intoxication fulgurante
Cette bière artisanale est fabriquée à partir de mil ou de farine de maïs. C’est lors d’un enterrement ayant eu lieu le vendredi 9 janvier que la boisson a été servie. Les premières victimes sont mortes dès le lendemain. Pendant le week-end, pas moins d’une centaine de personnes se sont présentées à l’hôpital alors qu’elles soufraient de diarrhée et de douleurs musculaires.
« Nous nous préparions à chercher la cause de la mort, quand d’autres personnes sont arrivées en masse avec des diarrhées et de fortes douleurs musculaires. Puis d’autres corps nous ont été emmenés, de plusieurs quartiers différents » a expliqué la directrice de la santé pour le district de Cahora Bassa, Paula Bernardo.
Une origine criminelle ?
Depuis cet épisode, la police mène l’enquête pour déterminer quelle est la cause de cette intoxication. D’après les forces de l’ordre, la bière a été servie toute la journée mais ce sont seulement les personnes l’ayant bue l’après-midi qui sont tombées malades. Il est donc très aisé de penser que la boisson a été contaminée volontairement pendant que les gens étaient au cimetière.
Pour Bernardo Carlos, du journal Noticias « il est difficile de dire pour l’instant quel poison a été utilisé. Mais les enquêteurs ont retrouvé une bouteille en plastique vide dans le tonneau, qui aurait certainement pu en contenir ».
Les théories fleurissent autour de cette affaire et celle qui fait le plus de bruit est l’hypothèse de la bile de crocodile. Cela pourrait faire sourire en Europe mais la bile de crocodile est hautement vénéneuse et très difficilement détectable. « Tout est possible dans cette province. Un pécheur aurait pu se procurer de la bile de crocodile facilement à partir de déjections » explique un habitant de la région.
Mais malgré toutes les suppositions, la cause de l’intoxication ne peut pas être confirmée pour l’instant. Les autorités attendent encore les résultats de plusieurs tests qui permettront d’identifier le type de produit introduit dans la bière.
Cet épisode tragique nous montre à quel point il est facile dans certaines régions du monde de mourir d’une intoxication alimentaire. Devant l’ampleur de la catastrophe, le gouvernement mozambicain a décrété, lundi 12 janvier, trois jours de deuil national