Début des travaux du canal interocéanique controversé au Nicaragua
Le Nicaragua a annoncé lundi 22 décembre le début des travaux d’un canal qui doit relier les océans Pacifique et Atlantique. Ce projet, appuyé par la Chine, vient concurrencer le canal du Panama.
Il s’agit d’un projet à 50 milliards de dollars (presque cinq fois le PIB du Nicaragua) qui a été confié à une entreprise chinoise. Plus long et plus large que le canal de Panama, la compagnie qui le gère espère capter 5% du commerce mondial. Mais malgré les retombées économiques, ce projet n’est pas accueilli à bras ouverts par les Nicaraguayens.
D’abord, parce que le parlement, dominé par les partisans du président socialiste Daniel Ortega, a attribué en juin 2013 la concession du futur canal à un groupe chinois – HK Nicaragua Canal Development Investment (HKND) – jusque-là inconnu. Mais le gouvernement nicaraguayen est également critiqué parce que la loi, votée en juin 2013 pour la construction du canal, accorde énormément d’avantages à l’entreprise chinoise, notamment des cycles d’exploitation de cinquante ans renouvelables et sans appel d’offres.
Les adversaires du projet dénoncent des risques environnementaux : 280 km de voies de navigation, flanquées de deux ports et de nouvelles industries, le tout à proximité de plusieurs réserves naturelles. Une centaine de kilomètres traverseront également l’emblématique lac Cocibolca (ou Nicaragua), la plus vaste réserve d’eau douce d’Amérique centrale, qui court un risque de salinisation.
Des études sur l’impact environnemental et sociétal du projet, susceptibles de modifier légèrement son parcours, devraient être achevées d’ici au mois d’avril, a précisé un membre de la commission. Les travaux se termineront en 2019 pour une mise en service l’année suivante.
Mais ce projet permettre au pays le pays de s’enrichir considérablement. « Le Nicaragua n’investit rien, il fournit seulement le terrain, » explique le président de l’autorité du canal, Manuel Coronel Kautz. HKND prévoit d’embaucher 50 000 Nicaraguayens durant la construction du canal et jusqu’à 200 000 durant l’exploitation. Mais selon un opposant, à seulement quatre jours du début des travaux, aucun ouvrier n’avait été contacté pour travailler sur le canal.