Haïti : Face à la violence des manifestations, le Premier ministre démissionne
Le Premier ministre de Haïti, Laurent Lamothe, a annoncé sa démission ce dimanche après des manifestations anti-gouvernementales qui ont secoué Port-au-Prince dans la nuit de samedi. Une personne a été tuée par balles lors des manifestations, ce qui a exacerbé la colère de l’opposition.
« Je quitte mes fonctions de Premier ministre ce soir avec le sentiment du devoir accompli », a déclaré le chef du gouvernement lors d’une intervention télévisée, reprenant les propos qu’il avait publiés peu avant sur le compte Twitter du ministère de la Communication. La pression politique de ces dernières semaines a finalement au raison de Laurent Lamothe.
«Nous avons découvert un cadavre. La victime est un jeune d’une trentaine d’années, nous ne l’avons pas identifié, mais il ne ferait pas partie de la manifestation», a déclaré à l’AFP Garry Dérosiers, porte-parole de la police haïtienne. Des incidents ont éclaté dans la manifestation à Port-au-Prince quand des centaines de jeunes ont tenté de forcer des barrages de la police pour entrer devant le palais présidentiel.
Ces dernières semaines, des formations de l’opposition ont manifesté pour réclamer aussi le départ du chef du gouvernement, mais également du cher de l’État. À l’origine de la crise politique haïtienne : l’incapacité des dirigeants à organiser un scrutin en octobre comme prévu, alors que le pays attend depuis trois ans des élections législatives et municipales De plus, le mandat du Parlement haïtien prend fin le 12 janvier.
Sans élection organisée d’ici là, le pays risque de se retrouver dans un vide politique, permettant au président Martelly de diriger par l’intermédiaire décrets selon la constitution. L’opposition l’accuse de faire échouer l’organisation d’une élection dans le but d’instaurer une dictature en Haïti.
La démission du Premier ministre figurait dans les recommandations d’une commission de consultation qu’il avait lui-même convoquée pour proposer une sortie de la crise. La commission suggérait également la formation d’un gouvernement de consensus intégrant des membres de l’opposition, et la nomination d’un nouveau conseil électoral en vue de l’organisation des élections législatives et municipales, ainsi que la libération des prisonniers politiques.