Le rapport sénatorial sur la torture de la CIA sera publié ce mardi
Un résumé de 500 pages du rapport ultra-sensible va être révélé aujourd’hui par le Sénat américain. Il est question des techniques de torture utilisées par la CIA dans la sillage des attaques du 11 septembre.
Un Mea culpa explosif. Ces révélations, fruit de trois ans d’enquête dirigés par la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, racontent une page sombre de l’histoire américaine. Il vise à faire la lumière sur le programme créé en secret par la CIA pour interroger des détenus soupçonnés de liens avec Al-Qaïda, notamment par la simulation de noyade ou la privation de sommeil.
Le rapport a été approuvé à huis clos par la commission du renseignement du Sénat en décembre 2012. Ses membres ont voté en avril pour rendre public le résumé d’environ 500 pages. Mais le processus s’est cependant poursuivi pendant huit mois, à cause d’un désaccord entre les sénateurs et la Maison Blanche sur le volume d’informations à publier, par exemple les noms de codes des agents de la CIA, ou les pays ayant coopéré avec le programme secret.
La Maison Blanche a jugé, lundi, que la démarche était utile « pour permettre aux gens aux Etats-Unis et à travers le monde de comprendre exactement ce qui s’est passé. » Le président Barack Obama, qui a officiellement mis fin à ce programme dès son arrivée à la tête du pays en janvier 2009, avait estimé début août que les Etats-Unis avaient fait des choses « contraires » à leurs valeurs.
De nombreuses voix se sont mobilisées afin d’empêcher la publication du rapport, notamment au sein de la CIA ou des anciens de l’administration Bush, visiblement considérée comme responsable de ces actes de torture. De nombreux républicains ont dénoncé par avance la publication d’une enquête qu’ils jugent biaisée et dont la réalisation aura coûté, soulignent-ils, 40 millions de dollars au contribuable américain.
Dans une tribune publiée dans le Washinston Post, Jose Rodriguez, ancien responsable de ce programme au sein de la CIA, a dénoncé la « grande hypocrisie » des politiques. « Nous avons fait ce qui nous a été demandé (…) Une décennie plus tard, en guise de récompense nous entendons certains de ces mêmes politiques faire part de leur indignation et – pire – déformer les faits et minimiser les succès obtenus. »