Premières défaillances du modèle social suédois
Longtemps considérée comme un exemple en matière sociale et économique, la Suède connaît ses premières difficultés. Hausse du taux de chômage, déclin du niveau du système éducatif et difficultés d’intégration des émigrés ont mené à une percée de l’extrême droite.
Le fameux modèle suédois connaît ses premiers couacs. « Notre modèle d’Etat providence a été endommagé », affirme sans ambages le nouveau Premier ministre, Stefan Löfven, élu en septembre avec la plus courte majorité de ce parti emblématique. Après huit ans de gouvernement de droite, les sociaux-démocrates viennent de reprendre le pouvoir aux dernières élections législatives de septembre. Mais ils n’ont pas la majorité au Parlement.
Stefan Löfven, risque de voir son budget retoqué. En cas d’échec, il a d’ores et déjà annoncé qu’il démissionnerait. Les raisons de la colère : un taux de chômage à 8 % et la difficulté à intégrer au marché du travail les jeunes comme les populations immigrées – le pays accueille 100.000 personnes par an, pour une population de seulement 10 millions d’habitants. De plus les liens entre patrons et syndicats – le compromis social est le socle du modèle suédois – se sont distendus ces dernières années.
L’État providence à la suédoise repose à la fois sur une forte flexibilité du travail, un système solide d’aides sociales et une ouverture au secteur privé. La Suède est également choquée par le déclin de son système scolaire. La dernière publication du classement Pisa révélait qu’en dix ans, le niveau avait sensible décliné dans plusieurs domaines, rétrogradant sensiblement le pays dans le classement de l’OCDE.
La Suède n’échappe pas au phénomène européen de montée des extrêmes. Le parti d’extrême droite » les Démocrates suédois » a fait une poussée remarquée avec 13 % des suffrages. Le parti populiste monte en épingle les problèmes d’intégration et critique le modèle social. « Il y a, dans le reste du pays, un grand ressentiment envers Stockholm, riche, bien éduquée. Beaucoup de gens se sentent hors de ce cercle », explique Jens Henriksson, ancien secrétaire d’État aux Finances.