Ce weekend se tenait à Dakar le XVème sommet sur la Francophonie – sorte de Commonwealth français. Ce rendez-vous visait à l’élection d’un nouveau représentant pour l’organisation. Retour sur des tractations complexes.

A l’issue de tractations particulièrement longues et difficiles, les 57 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a fait le choix de la modernité en désignant à sa tête ce dimanche 30 novembre la Canadienne d’origine haïtienne Michaëlle Jean. Elle succède à l’emblématique Abdou Diouf, « âme » de la Francophonie depuis douze ans.

Cette nomination est une double révolution pour l’OIF. D’abord parce qu’il s’agit d’une femme – jeune de surcroît – ensuite parce qu’elle n’est pas originaire d’Afrique ou d’un pays du sud comme le voulait jusqu’alors une tradition non écrite. Les pays africains – la moitié des pays membres de l’OIF – considéraient que ce poste leur revenait presque de droit. Il leur a échappé en raison de leurs divisions persistantes.

Officiellement, la France ne soutenait personne et privilégiait une solution de consensus entre les pays africains. Encouragé par Abdou Diouf, il avait proposé à l’ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré d’occuper ce poste. Mais sa chute, à la fin octobre, a laissé Paris « sans favori ».

Mme Jean aura fort à faire : la « feuille de route » que le sommet de Dakar a établie pour les quatre prochaines années compte nombre d’objectifs, « les plus ambitieux jamais énoncés » par l’OIF, de son propre aveu – un premier Forum économique de la francophonie est organisé par la société Richard Attias et associés à Dakar lundi et mardi. La ligne économique de l’organisation a jusque maintenant été assez vague.

Cette nouvelle nomination augure une nouvelle ère dans la Francophonie, une ère «moderne et tournée vers l’avenir» selon Michaëlle Jean. «La Francophonie du XXIe siècle sera au service et à l’écoute des jeunes et des femmes. Prospère, elle conjuguera l’accroissement des échanges et le développement humain et durable pour tous», a-t-elle ajouté.