Le blanchiment Moubarak sonne le glas de la révolution en égypte
Coup dur pour les manifestants de la place Tahrir, l’ancien dictateur Egyptien Hosni Moubarak blanchi dans un simulacre de justice. Il était poursuivi pour complicité de meurtres.
«C’est une énorme claque. Je suis sous le choc», s’emporte Khaled Abdoul Hamid, cofondateur de la mouvance de Front révolutionnaire. Un nouvelle couleuvre à avaler pour les insoumis égyptiens. Après la violente répression contre les manifestations visant à chasser Moubarak après trente ans d’un exercice autoritaire du pouvoir, la douche froide de la présidence du frériste Mohamed Morsi, et le retour au pouvoir d’un militaire – Abdel Fattah al-Sissi, dont la présidence semble toute aussi autoritaire que celle de Moubarak – il reste plus grand-chose du printemps égyptien.
Le tribunal du Caire a abandonné l’accusation de complicité de meurtres qui pesait contre l’ex-raïs du Caire. Il a également été acquitté pour une affaire de corruption. Toujours détenu dans un hôpital militaire en raison d’une précédente condamnation, Hosni Moubarak pourrait même bénéficier d’une remise de peine. Ce verdict est à l’image d’une justice « sélective », « qui semble plus occupée à sanctionner l’opposition qu’à faire respecter la justice », d’après l’Initiative égyptienne pour les droits personnels.
La nouvelle Égypte, qui est le résultat des deux révolutions du 25 janvier (2011) et du 30 juin (2013), se dirige vers l’établissement d’un État démocratique et moderne, fondé sur la justice, la liberté, l’égalité et la lutte contre la corruption, » a affirmé le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans un communiqué.
Peu après l’énoncé du verdict, jusqu’à un millier de manifestants se sont rassemblés près d’une entrée de l’emblématique place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte de 2011. Les militants de la tendance laïque ont été rejoints là par des partisans des Frères musulmans, association inédite des deux camps, que tout opposait jusqu’alors. La place était bouclée par l’armée qui avait déployé dès la veille ses blindés et des renforts en prévision des manifestations organisées par l’opposition islamiste. Les échauffourées entre manifestants et la police ont fait un mort.